Les caractéristiques matérielles des églises romanes doivent toujours être appréciées à travers les fonctions qui les justifiaient. Le chevet prend pendant la période romane une importance extrême, parce qu’il concentre l’essentiel des fonctions liturgiques et qu’il abrite en partie ou intégralement ce que l’on appelle couramment le chœur ou le sanctuaire, c’est-à-dire l’espace réservé au clergé et aux rites sacrés.
Ainsi est-il nécessaire de connaître le statut de l’église : une cathédrale est l’église de l’évêque et de la communauté de chanoines qui l’entoure, une abbatiale ou une prieurale sont des églises abritant une communauté plus ou moins importante de moines (ou de moniales) et parfois de chanoines. Une paroissiale est simplement desservie par un prêtre pour les habitants d’un village. Cela suppose aussi une compréhension de l’élément principal de cet espace, qui est l’
autel majeur. Aujourd’hui, pratiquement tous les autels se trouvent plus près de la nef qu’ils ne l’étaient au Moyen Âge. Il ne faut pas oublier non plus qu’à l’époque, le prêtre tournait le dos aux fidèles et qu’il se tenait devant et non pas derrière l’autel. Il faut donc tenir compte aussi des évolutions de la liturgie et des pratiques cultuelles dans les églises au cours des siècles.
Au Moyen Âge, dans les églises abritant des communautés religieuses, le chœur pouvait être très vaste, et occuper aussi une partie de la nef, les
stalles des religieux étant disposées parallèlement à l’axe de l’édifice. Une clôture plus ou moins élevée, le
jubé, le séparait en général de l’espace des fidèles parfois cantonnés aux premières travées de la nef. Les chapelles du transept ou du déambulatoire accueillaient des autels secondaires dans les églises importantes, et même dans les petits édifices paroissiaux, des autels pouvaient être disposés à l’extrémité orientale de la nef, de part et d’autre de l’accès au sanctuaire.