Le monde aquitain des XI
e et XII
e siècles est un monde en mutation. Le contexte politique est celui de la
féodalité, avec un pouvoir fortement disséminé entre une multitude de châtelains, qui rendent hommage à un seigneur plus puissant, comte ou duc, relevant lui-même de l’autorité du roi de France qui n’est guère présent dans le territoire. D’abord politiquement partagé entre le puissant comté de Poitiers et ses satellites plus ou moins autonomes : l’Angoumois, le Périgord, le comté de la Marche en Limousin, et une Gascogne plus indépendante au sud, elle est unifiée à partir des années 1060 par les comtes de Poitiers, porteurs du titre de ducs d’Aquitaine, au sein d’un vaste duché s’étendant de la Loire aux Pyrénées.
La Saintonge, dont une partie avait été donnée en fief aux comtes d’Anjou, est à ce moment-là reprise en main directement par le pouvoir poitevin, pour revenir un siècle plus tard sous la tutelle de la dynastie angevine, par le mariage d’Aliénor d’Aquitaine avec Henri Plantagenêt, qui devient lui-même roi d’Angleterre en 1152. Dès le XI
e siècle s’amorce également une importante reprise économique et démographique.
Du point de vue religieux, les archevêques de Bordeaux ont autorité sur les
diocèses de Poitiers, Saintes, Angoulême, Périgueux et Agen, constituant ainsi un autre facteur d’unité de ce vaste ensemble. Le réseau paroissial est alors en place, et complété par la création de nouveaux villages dans des zones de défrichement. Le diocèse de Saintes, dont la Charente-Maritime a repris une grande partie du territoire, connait dès les années 1075-1080 les premiers effets de la
réforme grégorienne, qui contribue à une réorganisation du pouvoir spirituel, et à une affirmation nouvelle du rôle central du clergé dans la société. L’attrait du territoire littoral pour les grands monastères, parfois lointains, qui y implantent des
prieurés est un autre aspect marquant de ce contexte favorable.

Tombeaux d'Aliénor d'Aquitaine et Henri II à Fontevraud (Maine-et-Loire) - 2006