
Regarder une église romane, c’est d’abord envisager qu’elle ne soit pas le fruit d’une seule campagne, mais de plusieurs phases de travaux ou de remaniements successifs pendant la période romane, et ce malgré l’apparente homogénéité de l’ensemble.
A Aulnay, qui semble une église romane « parfaite », pas moins de trois ateliers de sculpteurs sont intervenus successivement d’est en ouest, avec des styles et des personnalités d’artistes très différents, tandis que le clocher n’a été terminé qu’à l’époque gothique.
L’église de l’Abbaye aux Dames a connu plusieurs remaniements successifs entre 1050 et 1200, en bénéficiant ainsi de toutes les nouveautés de l’évolution du style roman. A Saint-Eutrope de Saintes, la sculpture de la crypte et des parties orientales de l’église hautes sont très différentes de celles de la croisée du transept, ce qui montre un changement d’équipe, et sans doute de projet, en, cours de chantier.
Les cas de figure les plus marquants sont ceux où l’on a conservé les murs d’une nef primitive du XIe siècle, en moellons, parfois renforcés pour être voûtés au XIIe siècle, comme à Fenioux. Dans certains cas, on s’est contenté de reconstruire le chevet au XIIe siècle, créant un contraste net, comme à Monthérault ou à Taillant, par exemple. Parfois, les ruptures sont plus difficiles à saisir, entre deux campagnes assez rapprochées qui ont pu donner lieu à des changements dans le projet.