Les animaux sont omniprésents dans la sculpture des églises, et leur signification n’est pas toujours la même. Un même animal, le lion, par exemple, peut aussi bien représenter des forces positives et bienveillantes, qu’incarner les puissances démoniaques. Tout est question de contexte. Fauves et oiseaux occupent de loin la première place dans cette galerie animalière, même si on rencontre ici ou là bien d’autres espèces.
Si des aigles ou des chouettes sont parfois reconnaissables, les volatiles sont rarement identifiables en tant qu’espèce, et les fauves sont eux-mêmes indifférenciés. Mais bien d’autres animaux peuplent les églises. A Grézac sont représentés le renard et la cigogne de la
fable d’Esope. A Aulnay, des éléphants semblent surgir de quelque broderie venue d’Orient. Têtes de bovins ou de caprins, de chiens et de loups, occupent de nombreux modillons. Les chevaux, toujours proches des hommes, sont au premier rang des animaux domestiques. Le serpent, animal rampant, et créature du Diable, est l’inspirateur des actions mauvaises.
Dans de nombreuses scènes, les hommes sont confrontés au monde animal, dans des postures cocasses ou pacifiques, et parfois de façon violente ou chaotique. Du pêcheur portant un poisson au dompteur maîtrisant des fauves, jusqu’à de véritables scènes de carnage où des animaux attaquent et dévorent des humains, ces confrontations sont omniprésentes, à l’intérieur comme à l’extérieur des églises.
Combats, enchevêtrements et empilements d’animaux – essentiellement des lions et des oiseaux – apparus au début du XII
e siècle à la croisée du transept de Saint-Eutrope se multiplient sur les chapiteaux et sont une véritable signature de l’art roman charentais.
Dans la sculpture romane, les vertus ou les défauts prêtés aux animaux, souvent repris de traditions antiques rapportées par les
Bestiaires, donnent au monde animal une signification qui est bien éloignée de toute considération naturaliste et qui n’est souvent qu’une façon d’illustrer des aspects de l’âme humaine.

Église Saint-Symphorien de Grézac - Façade occidentale - Fable du renard et de la grue - 2011