La dernière phase de l’art roman se caractérise en Charente-Maritime, comme dans toute l’Aquitaine médiévale, par l’introduction lente des éléments stylistiques du gothique venus d’Anjou d’abord, puis d’Île-de-France, deux régions où ils sont élaborés dès le milieu du siècle.
Cela se traduit par l’apparition des
voûtes d’ogives, utilisées d’abord dans un contexte encore roman, par exemple à Ars-en-Ré ou à Sainte-Gemme. Certaines coupoles romanes, sur des croisées de transepts reçoivent d’ailleurs de façon assez précoce des arcs de renforcement annonçant les croisées d’ogives. D’une façon générale, toutefois, le gothique tarde à s’imposer et la Saintonge reste très attachée à la tradition romane jusqu’à la fin du XII
e siècle, sous le règne de la duchesse Aliénor d'Aquitaine.
Au sein de la production romane elle-même on observe deux tendances presque contradictoires qui marquent le milieu et la seconde moitié du XII
e siècle.
D’une part, certains édifices semblent traduire un certain rejet du décor et une volonté de dépouillement, qui peut correspondre aux aspirations de la partie la plus rigoriste du clergé, influencée peut-être par les idées
cisterciennes. A l’abbaye de Sablonceaux ou à la cathédrale Saint-Pierre de Saintes et dans la nef de l’église de l’Abbaye aux Dames, cette architecture rigoureuse crée des volumes imposants couverts de vastes coupoles sur pendentifs, un procédé venu du Périgord et d’Angoulême. Le décor est absent ou réduit à des motifs répétitifs. La petite église des Nouillers témoigne encore aujourd’hui de cette formule.
A l’inverse, sur certaines églises, dont celles de Rétaud et Rioux, l’exubérance ornementale atteint son paroxysme. Dans d’autres enfin, l’élancement des lignes verticales, la systématisation des arcs brisés sur les façades ou le recours aux
arcs polylobés et certains décors géométriques ou végétaux un peu secs marquent une autre forme de l’art roman du crépuscule.