L’art roman atteint sa plénitude au cours de la première moitié du XII
e siècle. Même si très peu d’édifices bénéficient de sources permettant de les dater avec précision, il est possible d’affirmer que la grande majorité des monuments conservés est au moins en partie issue de cette phase très riche, entre 1100 et 1150 environ. Celle-ci reflète une évidente prospérité économique.
La volonté de bâtir et d’embellir les églises correspond autant à l’accomplissement des réformes internes du clergé, affirmant sa vocation à encadrer la société, qu’au soutien du mécénat des seigneurs et aux dons des fidèles soucieux de gagner leur salut. Un autre facteur favorable est la richesse des puissants monastères et de leurs réseaux de prieurés déployés sur le territoire, dont ils assurent la valorisation à travers l’exploitation des vignes, du fleuve et des marais salants de la côte, immenses sources de revenus.
C’est aussi le temps de l’épanouissement des pèlerinages. Celui de
Saint-Jacques-de-Compostelle est un des plus prestigieux et le chemin le plus occidental qui mène vers la Galice, la voie de Tours, traverse le département, qui compte deux importants lieux de culte dédiés à des reliques : l’abbaye de Saint-Jean-d’Angély et le prieuré Saint-Eutrope de Saintes. Quatre monuments sont classés aujourd’hui au titre du Bien 868 du Patrimoine mondial de l’UNESCO « Chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en France » : Saint-Pierre d’Aulnay, l’abbaye de Saint-Jean-d’Angély, l’église Saint-Eutrope de Saintes et l’Hôpital-Neuf dit « des pèlerins » de Pons.
Quelques-unes des églises les plus remarquables du département, parfois conservées en partie seulement, sont les témoins de cette apogée, par leur architecture et par leur décor sculpté. Saint-Pierre d’Aulnay, construite entre 1120 et le milieu du siècle, peut être considérée, bien qu’appartenant à l’ancien diocèse de Poitiers, comme l’œuvre la plus accomplie et la synthèse la plus aboutie de cet art roman arrivé à la maturité. Les églises de Marignac, d’Avy-en Pons, de Corme-Ecluse, d’Arces-sur-Gironde, de Geay, ou celles un peu postérieures de Chadenac, de Corme-Royal, de Pont-l’Abbé-d’Arnoult, d’Echillais, de Matha, de Varaize ou de Surgères sont quelques-uns des exemples les plus significatifs de ces générations de la maturité.

Église Saint-Pierre d’Aulnay - Vue façade sud - 2016

Église Saint-Pierre d’Aulnay - Détails du chevet - 2016

Église Saint-Pierre d’Aulnay - Nef - 2015

Église Saint-Pierre d’Aulnay - Chapiteaux de la nef - 2015