Les artistes qui travaillent sur les grands chantiers ouverts peu avant 1100, essaiment à travers le diocèse et en diffusent très rapidement les principaux éléments stylistiques, sans doute relayés aussi par une organisation de plus en plus centralisée de l’Église elle-même.
C’est Saint-Eutrope de Saintes qui joue le rôle majeur dans cette éclosion. Son architecture, hors du commun, n’est jamais reproduite intégralement. Aucune autre église ne semble avoir reçu de
chevet à déambulatoire et chapelles rayonnantes. On en retient, jusque dans les églises paroissiales les plus modestes, certains aspects qui semblent particulièrement plaire aux commanditaires.
Si les plans restent très simples, l’emploi systématique de la pierre de taille pour le parement des murs, l’introduction de nombreuses colonnes engagées, d’arcades plaquées et de jeux d’arcatures animant les élévations des chevets et des façades constituent les traits majeurs de cette diffusion avec, bien entendu, le foisonnement de la sculpture. Le plan de certains chevets reprend la forme très allongée, à pans coupés, de celui de Saint-Eutrope, mais dans la composition des élévations extérieures, on privilégie la formule caractéristique des chapelles rayonnantes de l’église saintaise.
De Mornac-sur-Seudre et Vaux-sur-Mer à Talmont, de Geay à Ecoyeux, Rétaud ou Rioux, ces chevets dont la partie supérieure est ornée d’une arcature aveugle sont une véritable « signature » de l’art roman Saintongeais qui s’est également diffusée en Bordelais. Le voûtement systématique des édifices, quelle que soit leur complexité, s’impose également au cours de ces deux générations. A la suite de Saint-Eutrope, et peut-être plus modestement de Trizay, c’est le chantier de transformation de l’église de l’Abbaye aux Dames qui prend le relais dans la diffusion d’un art roman plus spécifique à la Saintonge.