Inventé en 1818 par un érudit normand, Charles de Gerville, le qualificatif « roman » fut introduit pour marquer la distinction observée entre les formes antérieures au XII
e siècle et celles qui caractérisent les derniers siècles du Moyen Âge, pour lesquels le terme « gothique », désignant d’abord tout l’art médiéval, fut finalement réservé.
Appliquant initialement le qualificatif à l’art monumental chrétien de toute la première moitié du Moyen Âge, Charles de Gerville y voyait une forme dégénérée de l’art romain, considérant que l’on retrouvait dans cette architecture « romane » des éléments fondamentaux de l’architecture antique romaine : l’
arc en plein cintre, la
voûte en berceau et la
voûte d’arêtes. Il opposait ces formes à celles qu’il considérait comme des inventions de l’art gothique : l’
arc brisé (qualifié d’ « ogival » à l’époque) et la
voûte sur croisée d’ogives, créant une confusion encore largement diffusée dans les esprits aujourd’hui.
Cela introduisait d’emblée une hiérarchie entre l’art roman, considéré comme le dernier avatar de l’art des Romains, et le gothique, qui fut apprécié et admiré comme la véritable innovation médiévale. Plus tard, avec le développement de l’histoire de l’art et de l’archéologie et une meilleure datation des édifices, la période spécifique de l’art « roman » fut réduite à la principale phase de construction d’églises en Europe occidentale, entre la fin du X
e et la fin du XII
e siècle.
La définition, initialement un peu simpliste, du style « roman » fut également précisée par des observations plus larges et plus systématiques, montrant une grande complexité dans cette longue période de deux siècles durant lesquels furent également mises au point les premières formes dites « gothiques ».

Église Notre-Dame de Corme-Ecluse - Arcades romanes de la nef - 2007