Le terme d’«art roman» est inventé au XIX
e siècle pour désigner les constructions religieuses d’une période qui s’étend des environs de l’an mil jusqu’à une phase plus ou moins avancée du XII
e siècle, selon les régions. Le terme « roman » devait évoquer pour ses inventeurs le lien privilégié avec la tradition de l’architecture romaine, à laquelle l’architecture gothique allait ensuite tourner le dos.
Cette production massive, sans précédent, prend place au sein de la société féodale et correspond à la période d’émergence des états monarchiques en France ou en Angleterre. C’est une époque de forte croissance, marquée par l’emprise de la foi et de l’Église en Europe. La mise en place du réseau des paroisses, à l’origine des communes actuelles, la multiplication des monastères, le renouvellement des églises urbaines, le culte des reliques, l’essor des pèlerinages furent autant de facteurs favorables à l’éclosion d’un art monumental de plus en plus ambitieux. Ce mouvement fut également favorable à l’expression de toutes les formes artistiques, de la peinture murale à l’enluminure des manuscrits et de la sculpture aux arts précieux.
Toutefois, l’art roman n’est pas aussi homogène qu’on pourrait le croire. Avec une succession de créations sur plus d’un siècle et demi, ses formes ont évolué, en Charente-Maritime comme ailleurs. Les premières expériences du XI
e siècle sont souvent encore marquées par la simplicité des traditions antérieures. Vers 1100, le chantier de Saint-Eutrope de Saintes introduit des formes romanes novatrices.
La première moitié du XII
e siècle constitue une phase d’apogée, illustrée par l’église d’Aulnay, avant que n’apparaissent les premières formes gothiques. Il n’y a donc pas un « art roman » mais une multitude d’expériences menées dans un esprit commun.