Voulue comme une guerre de revanche, le conflit américain s’inscrit aussi dans l’ambiance intellectuelle du XVIIIe siècle où, autant que les hommes et les produits de consommation, circulent les idées. Philosophes, penseurs, scientifiques, anglais comme français, échangent sur des thèmes politiques comme le partage et l’équilibre des pouvoirs dans un Etat moderne. La place de l’Homme comme individu, acteur et responsable de sa vie, prend de l’ampleur. Les groupes sociaux, figés dans des codes de fonctionnement ancien, s’ouvrent sous la pression de nouveaux modes de vie. Le siècle des Lumières et ses idées nouvelles forment le contexte de la guerre d’Amérique. Les colons anglais, au cœur de ces idées qui circulent, avides de reconnaissance légale par leur métropole, franchissent le pas de l’autonomie et de l’indépendance. Ils proclament leur Liberté qu’ils inscrivent dans la Constitution américaine.
En France, dans le même foisonnement intellectuel, cette audace est suivie avec enthousiasme. La « révolution » américaine nourrit la réflexion sur la nécessaire réforme de l’Etat français. Lors de la réunion des Etats Généraux en 1789, le pas est franchi. Les députés du Tiers Etat les transforment en Assemblée Constituante afin d’amener la France vers la monarchie constitutionnelle. La Fayette, représentant de la noblesse libérale, adhère avec tout son charisme et son passé de « libérateur » des Américains, aux changements annoncés. En sa personne, il concrétise ces liens qui unissent les évolutions politiques de part et d’autre de l’Atlantique.

Gilbert Mottier, marquis de La Fayette (1757-1834) , représenté en 1792 par Joseph-Désiré Court (1797-1865) - RMN-Grand Palais (Château de Versailles) - Droits réservés