Les conflits répétés avec l’Angleterre ont profondément bouleversé la vision navale de l’Etat français. Sa puissance souvent remise en cause par sa redoutable rivale l’oblige à s’adapter. Avec ses homologues, Rochefort constitue un réseau d’arsenaux et de bases secondaires qui se perfectionne au cours du XVIIIe siècle. Sa place dans ce maillage se justifie par plusieurs qualités indéniables. L’arsenal charentais bénéficie d’un vaste arrière-pays connecté à de nombreuses sources d’approvisionnements dont il peut assurer le stockage. Il peut compter sur les ressources proches de l’estuaire de la Gironde et surtout sur les chantiers royaux installés à Bayonne, capables de pré-fabriquer les pièces de charpente des vaisseaux qui sont ensuite assemblées à Rochefort. Tels est le cas de plusieurs 74 canons en 1778-1779.
Par ailleurs, l’arsenal de Brest saturé par la préparation des grandes escadres de la guerre américaine, ne pourrait pas fonctionner sans la complémentarité que lui offre Rochefort, entrepôt, usine à bateaux, espace de réparation aux formidables potentiels, complétant une logistique organisée à l’échelle de la façade atlantique.

Coupe d’un hangar aux mâts - Dessin, plume, aquarelle - Milieu du XVIIIe siècle - Archives Départementales, La Rochelle - 43