En 1844, au polygone de Gâvre, près de Lorient, la Marine organise des expériences d’artillerie rayée. Des sillons à l’intérieur des tubes des canons assurent une excellente stabilité au projectile en rotation, qui cesse d’être rond pour devenir un obus en ogive. Le tir acquiert une précision inégalée. Essais et controverses aboutissent à une première fabrication, lors de la Guerre de Crimée en 1855. Bien des expérimentations sont encore nécessaires, mais la direction est prise, et l’artillerie rayée entre progressivement dans l’équipement de l’armée française. Pour Boyard, le fait majeure est celui de l’accroissement de la portée, qui passe de 1200 à 3500 m. Des tirs croisés depuis les batteries des îles d’Aix et d’Oléron suffissent désormais à verrouiller la passe pour laquelle le fort a été construit. A son achèvement, en 1866, il est nécessaire de lui trouver une nouvelle affectation. Boyard n’est du reste armé que d’une trentaine de canons assez anciens, au lieu des 74 prévus. La légende du fort inutile vient de naître.

Service Historique de la Défense, Rochefort, P49 (11)Les premiers canons rayés - Mémorial de l’artillerie, Paris, 1867, n° VIII, atlas, Paris, Gauthier-Villars, 1867.