Parti de La Rochelle le 29 août 1787, réparé, radoubé, rebaptisé, chargé de ses marchandises de traite, après une navigation de quatre mois et une escale effectuée à Lisbonne pour acheter du tabac, le Solide commence ses opérations de traite le long de la côte de l’Ivoire le 24 décembre, au gré des rencontres avec les pirogues venues de la terre. Une première captive, âgée de sept ans, est achetée à l’embouchure de la rivière Saint-André, en même temps que de l’ivoire et moyennant quatre fusils, deux mouchoirs de Cholet, un petit baril de poudre, une ancre d’eau-de-vie, deux cents pierres à fusil, six couteaux, une demie filière de coquillage. Mais la concurrence des autres négriers est rude, en particulier le long de la côte de l’Or où sont installés les principaux forts anglais, portugais ou français. Il faut encore près d’un mois d’une navigation côtière entrecoupée d’arrêts inutiles dans les principaux points de traite - Sama, Acra, Petit Popo, Juda - avant que le capitaine puisse enfin installer son comptoir à terre, à proximité du village de Badagri, dans la baie du Bénin (aujourd’hui au Nigéria) avec l’accord du roi autochtone qui désigne son frère, nommé Cessoux, comme intermédiaire. Environ deux cents quarante captifs seront achetés en un mois et demi. De telles opérations sont fréquentes le long des trois mille cinq cents kilomètres de côtes où les navigateurs européens s’adonnent à la traite des Noirs. La valeur totale de la cargaison du Solide s’élève à 80 155 livres, ce qui lui permettra d’acheter environ 250 esclaves, en 1787. Coût d’un esclave : 320 livres. Mais les aventures du Solide vont bientôt prendre un tour moins favorable.