Les ordres rédigés par les armateurs fournissent aux capitaines des indications précises sur les lieux de traite, la destination finale du navire, le nombre et le choix des captifs. « …attachez-vous à la beauté, c’est essentiel ; le plus de pièces d’Inde que vous pourrez [captifs en bonne condition physique, les plus recherchés], de belle jeunesse pas en quantité [en évitant de choisir des esclaves trop jeunes pour être immédiatement rentables], sur toutes choses point de vieillesse ; les vieux nègres sont sujets à prendre du chagrain [sic], d’où résulte la mortalité et on ne les vend qu’à très bas prix à Saint-Domingue », c’est ainsi que l’armateur Jacques Guibert précise ses volontés dans le quatrième article des ordres qu’il donne en 1777 à Jacques Bigrel, capitaine du navire La Nancy, avant son départ pour un deuxième voyage de traite. Les captifs vendus aux Européens ont pu être capturés à la guerre par les rois, princes et seigneurs locaux, soit enlevés lors de razzias, soit obtenus en échange d’un impôt ou d’une dette, d’une condamnation judiciaire, ou suite à la ruine d’une famille, etc. Mais les témoignages sont rares.