Par leur entregent, leur capacité à rassembler les capitaux, leur savoir-faire commercial, leur maîtrise des circuits et des procédures, leurs connaissances techniques, les armateurs sont au cœur du processus de la traite négrière et plus généralement des relations commerciales avec les colonies. Sur l’ensemble de la période concernée, ils sont environ soixante-dix armateurs, appartenant souvent à des dynasties marchandes comme les Garesché, les Fleuriau, les Richemont, les Rasteau, les Carayon… Plusieurs d’entre eux ont été directeurs de la Chambre de commerce de La Rochelle. Daniel Garesché a été maire de La Rochelle de 1791 à 1792. Jean-Louis Admyrauld a été préfet de la Charente-Inférieure. Parmi les archives qu’il a laissées, un registre permet de comprendre dans le détail le montage d’une expédition négrière et l’importance de l’investissement à lui consacrer. Il fallait armer le navire, payer d’avance une partie du salaire à l’équipage, commander et faire livrer la nourriture pour l’équipage et les captifs. Il fallait aussi constituer une cargaison de troc constituée d’étoffes diverses, d’armes à feu, d’eau-de-vie, de tabac et de pacotilles, soit 52 produits différents embarqués à bord du Bon père en 1787.