Les documents d’archives permettent de suivre les ramifications de la traite jusque chez les greffiers de l’amirauté qui perçoivent un droit à chaque enregistrement d’un acte déposé par un armateur négrier, chez les boulangers qui fournissent le biscuit de mer, ou chez les cabaretiers et les logeurs qui donnent pension aux marins attendant d’embarquer. Le commerce négrier rochelais alimente les ateliers, les échoppes, les chais et les greniers où se fabriquent, se vendent et se conservent les marchandises destinées à l’achat des captifs en Afrique. Sur le Bon Père, armé en 1787 par Louis Admyrauld, le bœuf salé qui nourrit l’équipage vient d’Irlande, les fèves du pays de Marennes, les chandelles de la ville du Mans. Le commerce négrier donne du travail aux chantiers navals. Il fait vivre plusieurs centaines de matelots tandis que sur les rives du port, s’affairent les crocheteurs, les voituriers ou les portefaix.
C’est pourquoi l’argent du trafic négrier a probablement irrigué chaque rue du port de La Rochelle au XVIIIe siècle et les rues de plus d’une ville du royaume de France.