A bord du Nairac, 7 mois après son appareillage le 25 janvier 1774, la qualité du biscuit embarqué à La Rochelle est devenue si mauvaise que les marins préfèrent manger la nourriture réservée aux esclaves et que le capitaine interrompt la traite pour se ravitailler. La mortalité à bord des négriers est forte mais variable d’un voyage à l’autre. Mousses, novices, voiliers ou tonneliers, apparaissent dans les certificats de décès établis par le capitaine, accompagnés d’un inventaire des vêtements et objets du défunt, vendus aux autres membres de l’équipage. La somme récoltée est remise à la famille. En 1786, sur les vingt-sept hommes d’équipage de La Reine de Podor il en meurt douze. Les officiers ne sont pas épargnés malgré de meilleures conditions sanitaires. En 1784, Claude-Vincent Polony s’embarque sur les Trois Frères. Après un séjour de neuf mois en Afrique, le navire gagne Saint-Domingue mais la dysenterie, la variole et le scorbut sévissent à bord où la moitié de l’équipage est atteinte. L’équipage doit également surveiller les captifs car le risque d’une révolte est présent, notamment au moment où le navire s’éloigne des côtes d’Afrique. Même si la répression est rapide et parfois très violente, ces révoltes fragilisent l‘équipage. A bord de La Reine de Podor, une révolte des captifs le 23 juillet 1787 pendant leur repas du soir sur le pont, se traduit par la mort de deux marins, le maître charpentier et le second maître d’équipage. Les historiens ont recensé 155 révoltes sur les négriers français au XVIIIe siècle, mais les actes individuels et les tentatives avortées ont été certainement plus nombreux.