En Guinée maritime, la production de sel ignigène est une méthode traditionnelle et ancienne qui remonte bien avant l’époque coloniale. La production nécessite un faible investissement, elle est rapide, et à une faible empreinte dans le paysage. La légèreté du dispositif permet de se déplacer en fonction de l’évolution du paysage et de ses ressources.
L’activité est majoritairement réalisée par plusieurs producteurs, souvent des femmes et il s’agit fréquemment des membres d’une même famille.
Lorsqu’arrive la saison sèche, de janvier à mai, les équipes de production installent leurs campements sur des points hauts, à l’abri des marées hautes et à proximité des terres salées de la
zone intertidale où s’accumule naturellement le sel dans les terres de surfaces.
Commence alors la production du sel ignigène qui repose sur quatre étapes distinctes :
1 -
La coupe et le transport du bois
Le bois de mangrove et de l'arrière mangrove est coupé pour être ensuite transporté dans les lieux de production plus ou moins distants. Le transport s'effectue sur la tête, ou dans des pirogues pour le bois de mangrove et dans des camionnettes pour le bois de l'arrière mangrove. Les outils utilisés pour la coupe du bois sont le coupe-coupe et les haches.
2 -
Le grattage des terres salées pour le recueil de la matière première
Le sol imprégné de sel est gratté en surface avec un racloir en bois (le kissi). Les monticules ainsi formés sont transportés à proximité des sites de lessivage où ils forment des masses plus volumineuses.
3 -
La fabrication des filtres et le lessivage des terres salées à l'eau de mer
Les terres salées recueillies sont lessivées à l'eau de mer, laquelle est généralement puisée au chenal proche et versée à plusieurs reprises dans de grands paniers (tankés) qui ont la fonction de filtres (
la lixiviation). Cette opération, utilisée pour drainer le sel, permet d’obtenir
la saumure.
4 -
La cuisson et l’évaporation de la saumure
La saumure est ensuite portée à ébullition dans des plateaux rectangulaires en métal (appelés panis) jusqu'à évaporation complète de l'eau laissant place au sel ignigène. Un cycle de production peut durer plusieurs jours, nuits comprises, pendant lesquels les bacs d’évaporation sont régulièrement alimentés en saumure.
Le sel ignigène est fin, plutôt blanc et a fixé les standards de qualité du sel sur le marché guinéen.

Puisage de l’eau salée dans un trou de conservation - © Pierrot Men - 2017

Ravitaillement du filtre (tanké) en eau salée - © Pierrot Men - 2017Action de filtration de la terre salée - © Pierrot Men - 2017

Etat d’un filtre après une opération de filtration - © Pierrot Men - 2017

Ravitaillement du plateau à cuisson (panis) en saumure - © Pierrot Men - 2017

Sel ignigène en train de se cristalliser sur le feu - © Pierrot Men - 2017

Vérification du contenu du sel dans le bac pendant la cuisson - © Pierrot Men - 2017

Récolte du sel ignigène dans le bac à cuisson - © Pierrot Men - 2017

Transvasement du sel ignigène dans une bassine pour le transport - © Pierrot Men - 2017

Des femmes transportant le sel en fin de campagne de production - © Pierrot Men - 2017